Dès l’Antiquité, la fleur s’impose à l’attention de l’homme : l’Égyptien aime à se parer d’une corolle de lotus “bleu”, le Perse aime à retrouver sur les frises de ses palais la forme déliée des marguerites, le Romain se délecte, oh! Capoue, de la douceur des roses.
Mais si on compare le rôle de la fleur à celui des arbres générateurs de fruits et d’ombre, à celui des arbustes dispensateurs de parfums, à celui des eaux d’où naît la fraîcheur, il faut bien reconnaître qu’il est modeste, et que le décor fugace des annuelles n’a pas encore trouvé sa place dans le jardin. Le Moyen-Âge ne fera guère progresser les choses : toutes ces fleurettes des champs qui couronnent les banquettes ou qui émaillent les prairies des vergers semblent davantage destinées aux gentils lapins en promenade qu’aux nobles seigneurs occupés à des tâches moins prosaïques.
Pourtant, sur la banquette, quelques vases précieux vont bientôt apporter la présence de rares fleurs au parfum suave: serait-ce un début de considération pour la fleur en soi ?
Le chercheur désespère bientôt : la fleur ne figure toujours pas en première place dans le jardin d’agrément mais est cantonnée dans un “sous-jardin”, le jardin bouquetier qui ne se distingue qu’à peine du jardin d’herbes ou du jardin de plantes médicinales : à la fin du XVIe siècle, Olivier de Serres affirme encore la séparation des genres…