Dans votre commune, qu’est ce qui
fait la richesse du cadre de vie ?
Le Dunkerquois a été profondément marqué par les destructions
de la seconde guerre mondiale d’une part et par le développement
industriel des Trente Glorieuses d’autre part. Cet héritage
complexe nous a forcé à être imaginatifs et à nous investir peutêtre
plus que d’autres pour la qualité du cadre de vie des habitants.
Ainsi, malgré la tradition très minérale des villes qui bordent la
Mer du Nord, nous avons fait de Dunkerque une ville verte qui
compte aujourd’hui 6 parcs urbains et 2 espaces naturels, une
zone horticole et maraîchère, 16 500 arbres d’alignements et de
parcs, près de 53 000 m2 d’espaces boisés, 19 km de haies, de
pâturages ou encore des jardins partagés et des jardins familiaux
regroupant plus de 700 familles. Construite sur des dunes, comme
l’indique son nom flamand qui signifie “église des dunes”, et un
polder gagné sur la mer, Dunkerque est aussi une Ville bleue
parcourue de canaux et de fossés aux berges plantées de peupliers
et une station balnéaire dont l’attractivité ne fait que croître ces
dernières années.
Quel est votre projet politique et comment
s’organise-t-il ?
La transition écologique et énergétique est une priorité de la
municipalité. Patrice Vergriete, ancien ministre du logement, maire
et également président de la Communauté urbaine, avait fixé le cap dès 2014, en mettant au coeur des politiques publiques locales, la
mise en oeuvre des transitions avec et pour les habitants. La mise
en place du bus gratuit qui incite à délaisser la voiture individuelle,
le réaménagement des principaux axes avec la large place
laissée aux déplacements doux, la décarbonation de l’appareil
industrialo-portuaire sont autant de témoignages du volontarisme
de notre territoire pour avancer plus avant sur la voie de la ville
durable. Cette transformation implique aussi encore plus de
nature dans les quartiers. Avec l’aide de la Communauté urbaine
et de son plan 200 000 arbres (un arbre par habitant sera plantés
au cours de ce mandat à l’échelle de l’agglomération), la Ville
multiplie les îlots de fraîcheur, désimperméabilise et végétalise
quand elle le peut les surfaces pavées ou enrobées. La démarche
dite “écoles buissonnières” ou encore “cour d’écoles résilientes”
vise à faire entrer la nature dans l’école. Il s’agit de cours de
récréation végétalisées avec des essences locales qui rappellent
nos espaces dunaires, dans lesquelles différentes noues viennent
accueillir les eaux pluviales. Il s’agit ainsi de créer de nouveaux
espaces permettant de sensibiliser élèves, parents, professeurs
au changement climatique et d’éduquer grâce et avec la nature. La
Ville veille également à ce que l’ensemble des espaces de nature
puissent être reliés entre eux par des “fils verts” qui sont autant
de corridors biologiques pour la faune et la flore.
Comment le label Villes & Villages Fleuris
s’est-il développé ?
La Ville de Dunkerque était labélisée 3 Fleurs depuis 2009. A
l’issue de son passage en 2023, le jury régional VVF a décidé de
proposer la Ville de Dunkerque au jury national pour l’attribution
de la 4e Fleur, ce qui vient d’être fait cette année. Les élus et
les services ont ainsi présenté des aménagements innovants et
exemplaires en termes de transition écologique et de résilience,
affirmant une approche transversale intégrant tourisme, histoire,
nature et protection de l’environnement qui correspond aux
critères du label. La perspective des visites successives nous a
servi d’aiguillon et nous a poussé à nous remettre en question, à
évoluer. Ainsi, depuis 2019, le volet intégration des habitants a pris
une place de plus en plus importante avec la mise en avant de la
BIB et de son parc mais aussi du jardin pédagogique Coquelle. Et
2023 vit la concrétisation de l’école résiliente de la Porte d’eau en
sous la houlette des élèves présents dans la cour.
C’est d’ailleurs cette transparence qui avait marqué le jury.
Nous nous étions aussi attachés à présenter les différents types
de quartiers et leurs aménagements : ceux du Fort de Petite
Synthe, équipement de proximité qui intègre à la fois le loisir, le
patrimoine et la préservation de la biodiversité ou encore la zone
balnéaire des Alliés qui, avec une portée plus large, prend en
compte les mêmes préoccupations que sont la préservation de
l’environnement, le devoir de mémoire et l’attractivité touristique.
C’est justement cette visite qui avait conduit le jury régional
proposer Dunkerque à la 4e Fleur.
Quelles améliorations/actions ont été
mises en oeuvre pour obtenir la 4e Fleur ?
Comme je l’ai évoqué plus haut, la Ville de Dunkerque, en lien
avec la Communauté urbaine, a mis en place une approche globale
qui donne toute sa cohérence aux actions de fleurissement et de
renaturation mises en oeuvre dans les quartiers. Elle a également
développé un processus de concertation étroit des habitants
qui ont été associés à différents projets par l’intermédiaire de
la Fabrique d’initiatives locales (FIL) ou de diagnostics dits “en
marchant”. La distinction 4 Fleurs a bénéficié d’un fort portage
politique, partagé par le maire, l’élu à la transition écologique et à
la résilience urbaine que je suis, l’élue en charge de la démocratie
locale et de la vie associative, du tourisme et de l'animation ainsi
que l’élu à l’éducation. Ensuite, les équipes d’agents municipaux se
sont particulièrement mobilisés autour de ce défi en faisant preuve
d’imagination et de créativité dans l’aménagement des espaces
verts : clin d’oeil à l’actualité, des massifs fleuris ont, par exemple,
été créés et réalisés en régie sur le thème des Jeux olympiques.
Mais d’une manière générale, les agents ont également continué à
faire preuve de professionnalisme dans l’entretien, la maintenance
et la propreté. En fait, chacun s’est approprié le label.
Comment convaincre d’autres maires
de s’engager dans le label Villes
& Villages Fleuris ?
Le processus de labélisation est un véritable défi pour les élus et
les équipes, il s’avère profondément mobilisateur et fédérateur
pour la collectivité. C’est un formidable outil qui nous permet
de décliner nos politiques publiques pour une ville durable
affirmant ainsi sa résilience, sa sobriété, sa démarche inclusive
et créative. Plus que jamais élus, habitants, techniciens doivent
partager une vision et une ambition commune pour leur ville. Les
outils et critères du label nous permettent de nous projeter et de
concrétiser un cadre de vie agréable, résilient, propre et partagé…
Si je peux donner quelques conseils, je dirais tout d’abord veiller
à ce que le projet soit partagé, sinon par l’ensemble du conseil,
mais au moins par les élus concernés par les différents axes
du label : aménagement des espaces publics, espaces verts,
tourisme, démocratie locale ainsi que par les élus de quartier.
Et puis il faut aussi faire confiance aux équipes qui, grâce à leur
professionnalisme et à leur attachement au territoire, savent
relever le défi.